Portraits Reportages Analyses Stories Interviews Lifestyle
Hermine d'hiver
Libération
Portraits — 4 février 2015
Hermine d'hiver

A un moment, elle a crié «Je sais pas qui c’est !», comme si ce n’était pas l’interphone, mais son heure, qui avait sonné. Justine Lévy a peur de tout. Du photographe en bas, des journalistes, des terroristes, des allergies alimentaires, d’Ebola, des escaliers, du gaz carbonique, de l’échec, de l’imprévu, de déranger, de dire des bêtises, de sortir. La fille de Bernard-Henri Lévy se raconte en dépiautant l’étiquette de sa bouteille de Coca Zéro, et malgré ses Nicorette, son slim brut et ses brusques esclaffements, on le voit que c’est une hermine d’hiver, blanche, précieuse, alerte soudain quand l’idée la traverse qu’on est là pour lui faire la peau. Son appartement de Saint-Germain-des-Prés, elle pourrait s’y terrer vingt-quatre heures sur vingt-quatre. «Je suis trop névrosée pour considérer que je suis la maîtresse de ma vie», balance-t-elle, sans honte ni détour.

Lire l'article →
Lumineuse apparition
Libération
Portraits — 4 décembre 2014
Lumineuse apparition

C'est une phrase de rien, lâchée comme ça, entre deux portes, alors qu'interrogé sur la marque de sa veste (inconnue au bataillon), Thomas Jolly, 32 ans, se plaignait de ne jamais trouver de vêtements à sa taille, qu'il a très fine. Une phrase de rien qui, bizarrement, reste longtemps après l'interview, comme un coup de laser appuyé sur la rétine. "Je suis phosphorique." Soit, en homéopathie, l'un des trois profils de base désignant à raison, en ce qui le concerne, les sujets longilignes, sensibles et créatifs. Mais aussi un synonyme de phosphorescent, cette faculté tellement géniale qu'ont les vers luisants à rayonner dans la nuit. Ajoutez à cela l'expression "extrêmement solaire" choisie par son mentor, Stanislas Nordey, pour qualifier son ancien élève de l'école du Théâtre national de Bretagne (TNB), et nous voilà convaincue que notre portrait du remuant Jolly, acteur et metteur en scène délicat révélé au dernier festival d'Avignon, sera lumineux, ou ne sera pas.

Lire l'article →
KissKiss, leur big bank
Libération
Portraits — 5 septembre 2014
KissKiss, leur big bank

Ça ne se voit pas tout de suite, que ces deux-là mènent une guerre. Pour tout dire, on les trouve même bien détendus. Vincent Ricordeau, en particulier. So cool, de recevoir avachi dans le canapé, tutoiement et verre de rosé aux lèvres. Ne fais pas ta pisse-vinaigre, me direz-vous, à 45 ans, le président et cofondateur de la plateforme de financement participatif Kisskissbankbank se tient comme il veut, surtout en vacances, a fortiori chez lui. Soit un grand appartement dans le XVIIe arrondissement de Paris, au salon-salle de jeux plutôt que salle à manger. Un tipi ceinturé d’une guirlande lumineuse sert de cabane à Swann et Nell, 10 et 4 ans, le nez présentement écrasé contre la porte vitrée, maintenue fermée le temps de l’interview. Leur mère leur fait des signes compatissants de la main.

Lire l'article →
Tête ben que oui...
Libération
Portraits — 20 juin 2014
Tête ben que oui...

La semaine dernière, Laurent Ruquier regrettait que la presse intellectuelle de gauche (suivez son regard) «crache sur quelque chose sous prétexte que ça touche un large public». Ses émissions sont suivies par un paquet de gens. 1,4 million de téléspectateurs samedi pour la dernière d’On n’est pas couché. 1,83 million en moyenne pour On va s’gêner sur Europe 1. Ruquier, c’est une marque, du made in Normandie à l’appellation tellement contrôlée que ses produits phares commencent tous par «On» – On n’demande qu’à en rire, On a tout essayé, On n’a pas tout dit. Le hic, c’est que l’animateur-producteur-auteur-directeur de théâtre se révèle hors écran plus grand que prévu, de sorte que, velléités élitistes ou non, on n’allait pas, visant haut, prendre le risque de se cracher dessus. De toute façon, fidèle à notre obsession jeuniste de travailleur précaire, militant pour le départ à la retraite des indéboulonnables, on ne crache pas, on enterre.

Lire l'article →
Sous le bonnet
Libération
Portraits — 11 mars 2014
Sous le bonnet

Y aller munie d’une pelle de plage et regretter de ne pas avoir pris le Caterpillar. Kev Adams, c’est le frisotté qui vanne verlan dans le poste, l’histrion adepte du gondolement perpétuel et, pour faire sobre, le nouveau chouchou de l’humour français. Il n’a pas acheté à Paris, mais à Neuilly-sur-Seine, pour le «calme» et le «bruit des feuilles» mortes qui culbutent le pavé. Quoique mince et idolâtré par des milliers d’adolescentes, il se trouve «gigantesque» (trop gros). Célibataire, il préfère les filles «discrètes» aux fracassantes. Il prie «de temps en temps». Surprises. En quatre exemples comme en mille, il y a chez le jeune homme au bonnet de laine et au Perfecto plus de matière à creuser qu’attendu.

Lire l'article →
En voir plus